Cette fontaine met à l'honneur l'eau, comme source nourricière de vie, à travers des personnages allégoriques de la mythologie antique : naïade, deux enfants, coquille, poissons. Une jeune femme légèrement drapée tenant une cruche renverse l'eau dans une coupe en corolle que lui tend un enfant accroupi à ses pieds (Bacchus ?). Au niveau inférieur, l'eau s'écoule dans une large vasque en forme de coquillage nervuré, porté par trois dauphins monumentaux qui régurgitent l'eau dans le bassin principal de forme polygonale, placé à la base.
Cette image poétique et allégorique de l'eau, sous les traits féminins, se diffusa largement au 19e siècle marqué par l'imaginaire romantique et néo-classique. Dans les villes, elle fut souvent installée dans des parcs et jardins d'agrément aménagés de bassins ou d'une retenue d'eau. Dans un ville thermale ou balnéaire, assimilée à une fontaine de jouvence elle exalta l'eau pour ses vertus thérapeutiques, purificatrices et régénérantes.
A la Bégude, cette naïade, sensée habiter les cours d'eau et les sources, évoqua la rivière du Roubion, dont l'eau fut largement utilisée dans l'industrie locale et sans doute également l'habitat.
Elle présente de grandes similitudes stylistiques et de composition avec des statues d'allégories de l'eau (« source à l'enfant ») et une fontaine réalisées par le sculpteur Henri Frédéric Iselin (1825-1905). Celle-ci installée sur la place Santo Cristo à Rio de Janeiro, fut réalisée par la fonderie d'art de mobilier urbain et décoratif du Val d'Osne (Haute-Marne) et servit peut-être d'inspiration pour la fontaine de la Bégude. Henri Frédéric Iselin, ou l'un de ses élèves, pourrait en être aussi l'auteur.