La Laupie à travers les âges
La Laupie comporte une demi-douzaine de sites archéologiques datant de la préhistoire au Moyen Age, en passant par l’époque gallo-romaine. La découverte d’outils en pierre taillée témoigne de la présence de populations sédentaires sur la colline dès le Néolithique (5000 av JC). En 1856, on découvre à La Laupie dans une sépulture celtique à tumulus, une épée de bronze datant du VIIIe siècle avant JC. La présence gallo-romaine est ensuite attestée par la découverte, sur la place du vieux village, d’une pièce à l'effigie de Tetricus César, empereur gaulois, datée de 256 avant JC.
Au Moyen Age, le vieux village commence à acquérir son aspect actuel. L’église Saint-Michel, qui fait face au vieux village, a ainsi été construite sur une motte féodale fortifiée datant de l’an 1000. Le premier fort (château), puis le castrum (rempart) au début du XIVe siècle, sont construits sous l’égide de plusieurs seigneurs emblématiques, Guillaume de Chateauneuf et Pierre de Mirabel.
Petit à petit, le château médiéval est transformé : à la Renaissance, des fenêtres à meneaux sont percées dans la façade Est, puis au XVIIIe siècle, la façade Ouest est adossée au fort, pour donner à la demeure de grandes pièces aérées. Ces travaux sont arrêtés peu avant la Révolution, en 1789.
Dès la fin du XIXe siècle, ce village perché est progressivement abandonné par ses habitants, qui préfèrent s’installer dans la plaine. Le site commence alors à péricliter, rendu à la nature.
Le choc de la Seconde guerre mondiale
La bataille de La Laupie a lieu du 24 au 28 août 1944, alors que l’armée allemande entame un repli face au débarquement des Alliés en Provence. Elle tente de rejoindre la route reliant Montélimar à Puy-Saint-Martin. Trois régiments d’infanterie allemands s’opposent alors à trois régiments américains dans la plaine des Andrans. Ainsi, le 26 août, le vieux village de La Laupie est aux mains des Allemands, car sa position haute offre un grand avantage stratégique. En quatre jours de combat, le vieux village est conquis trois fois, pilonné tour à tour par les Américains et les Allemands. Ces bombardements ont détruit une grande partie des habitations, achevant de rendre inhabitable un village déjà en déshérence depuis plusieurs décennies.
Après guerre, grâce aux indemnisations des dommages de guerre et à la volonté communale, un nouveau village est construit au bas de la colline, et le vieux village reste à l’abandon, envahi par la végétation et servant de carrière de pierres pour de nouvelles constructions.
Plus de cinquante ans de rénovations
En 1963, Pierre et Marie-Annick Armand, qui ont des attaches familiales dans la plaine, décident d’acheter une partie du château pour en faire leur résidence. Or, ils ne peuvent le restaurer sans sécuriser les ruines alentour ; les détruire ou les reconstruire : on leur conseille de les détruire. C’est ainsi qu’ils rachètent la quasi-totalité des parcelles de la colline, ainsi que les rues, et que naît le projet un peu fou de ressusciter le village. Ce n’est qu’au bout de deux ans que le rêve se concrétise et que les travaux commencent. Les maisons ont été reconstruites une par une, à mesure que de futurs propriétaires s’engageaient dans le projet. Il s’agissait à chaque fois d’intégrer les maisons rénovées dans un ensemble cohérent, tout en conservant des éléments d’origine, comme les remparts ou l’aspect originel de la façade du château. . Dans la mesure du possible, ils ont donc réemployé des pierres déjà présentes sur site, en particulier les pierres taillées, qu’ils ont néanmoins complétées par des pierres extraites de carrières de la région.
Ce sont, en tout, une vingtaine de maisons qui sont reconstruites dans l’enceinte du vieux village. Enfin, la chapelle Notre-Dame de Pitié a été le dernier édifice à rejaillir des décombres, en 1995.