Ancienne cartoucherie (MH)

En 1853, un industriel, Noël Sanial, achète un domaine agricole où il fait construire un vaste quadrilatère, en moellons de calcaire, percé de nombreuses fenêtres, rythmé par des pavillons plus ouvragés. Ce « cloître industriel » spécialisé dans le textile abrite une filature de soie et une usine d’impression sur coton. Cet industriel entreprenant emploie plusieurs centaines d’ouvriers dont, semble t-il, certains logent sur place.
En 1866, la manufacture ferme  ses portes après plusieurs sinistres et des problèmes d’approvisionnement en coton dus à la guerre de Sécession.
En 1874, l’état se porte acquéreur du domaine pour y installer une cartoucherie nationale correspondant aux besoins de modernisation des arsenaux suite à la défaite de la guerre de 1870 ; les cartouches de carton utilisées jusqu’alors sont remplacées par les cartouches en laiton destinées au fusil Gras.
Entouré d’une enceinte fermée sur l’extérieur, la cartoucherie ressemble à une ville avec ses rues, ses bâtiments tous numérotés, ses trois grandes cheminées repérables de loin. Cette cité laborieuse et bourdonnante du bruit des machines ne cesse de s’agrandir au fil du temps jusqu’à la voie de chemin de fer.
Des centaines d’ouvriers et d’ouvrières franchissent chaque jour le lourd portail d’entrée tandis que le mugissement de la sirène scande la vie quotidienne des familles bourcaines.
La cartoucherie est souvent une affaire de famille qui rassemble plusieurs générations tandis que la direction de l’établissement reste militaire.
Les hommes, issus pour certains de l’école d’apprentissage de la cartoucherie, travaillent dans l’atelier central à l’entretien et à la conception des machines, d’autres sont affectés à l’alimentation des fours, à la forge, à la manutention…
Les femmes connaissent le dur labeur des ateliers de production où elles effectuent des tâches extrêmement pénibles et parfois dangereuses ; façonnage, étirage, conception de la balle, amorçage et chargement de l’étui, contrôles multiples et variés sont répartis en des ateliers bien distincts pour aboutir à des cartouches de différents calibres.
En 1964, l’usine vieillissante ferme définitivement ses portes pour laisser place à une entreprise privée.

En 1993 la commune acquiert les bâtiments « historiques » en partie haute du site et  décide d’une première tranche de travaux. La cartoucherie  accueille en 2008 la Cour des Images rassemblant plusieurs entreprises spécialisées dans la production et la diffusion du cinéma d’animation.

Protection au titre des Monuments historiques :
Inscription partielle par arrêté du 5 février 2003 (le bâtiment principal et la cheminée d'usine, l'entrepôt de 1902, la poudrière de 1878, la gare, ainsi que le bassin avec ses annexes et canalisations, cad. B 2587)