Collégiale Saint-Sauveur

L'église collégiale Saint-Sauveur de Grignan fut édifiée entre 1535 et 1542, à l'initiative du baron Louis Adhémar, conseiller et chambellan ordinaire de la chambre du roi, ambassadeur de François 1er à Rome (1538-1540), puis lieutenant général en Provence et gouverneur de cette province en 1541.
L'église fut consacrée avant 1539 et érigée en collégiale à cette date par le pape Paul III. Son implantation spectaculaire sur le flanc du rocher qui porte le château contribue à accentuer l'impression de grandeur et de magnificence du site, encore renforcée par la présence des puissantes tours carrées de façade et des hauts contreforts.
L'édifice construit dans la première moitié du 16e siècle par le maître-maçon Jean de l'Occhia, ou Jean Delauche, appartient toutefois à la tradition du gothique méridional : plan à large nef unique et choeur octogonal, voûtes sur doubleaux et croisées d'ogives, fenêtres à remplages.
Le portail, édifié en 1542 par Antoine Soysson sur le modèle antique de l'arc de triomphe, présente une large baie en plein cintre, ouverte sous un fronton triangulaire que supportent deux colonnes à chapiteaux corinthiens. Cette façade Renaissance qui contraste avec l'intérieur gothique de l'édifice est à rapprocher du décor architectural des façades de la cour du puits du château, lui-même réalisé autour de 1543.
Le portail, partiellement ruiné par les protestants en 1566, fut restauré par le comte Louis Gaucher Adhémar en 1654.
La couverture en terrasse, aussi audacieuse qu'originale, fut conçue dès l'origine du projet architectural. Elle fut agrémentée d'une élégante balustrade en 1680. A l'intérieur, la tribune sur trompe, située au sommet du mur nord de la première travée, communiquait avec une petite chapelle située dans la basse-cour du château. Depuis cette tribune, il était possible d'assister sans promiscuité aux offices.
Le mobilier de l'église - retable et peinture du maître-autel, boiseries du choeur, autels latéraux et fonts baptismaux - date du 17e siècle. L'orgue, daté de la deuxième moitié du 17e siècle, est attribué à Charles le Royer, facteur flamand de Namur.
La plaque commémorative située dans le choeur rappelle la mémoire de Madame de Sévigné qui fut inhumée dans la collégiale le 18 avril 1696.

Source : "Guide des patrimoines drômois", Département de la Drôme - Conservation du patrimoine, 2008