Le canal et la péniche

Quand l'homme se prend pour Goliath et aménage le fleuve…

L'aménagement du Rhône n'est pas une chose récente. Elle date de l'époque où apparut la vapeur. Les bateaux avançant plus vite, on constata qu'ils ne s'arrêtaient pas en quelques dizaines de mètres et que les risques de collision étaient importants, surtout dans les courbes du fleuve.

Au niveau d'Ancône, la rodée qui menait au village n'était plus nécessaire et à force d'épis, d'empierrements et de digues, on détourna le cours principal du Rhône de la rive gauche vers la rive droite, celle de Rochemaure ; les bateaux par la même occasion s'en allèrent, plongeant le village dans le marasme.

Quand fut créée la Compagnie Nationale du Rhône, la CNR, en 1933, l'Etat lui fixa trois tâches : améliorer la navigation, développer l'irrigation des terres et produire de l'énergie électrique.

Au niveau d'Ancône, cela se concrétisa dans les années 1950, par la création du canal de dérivation du Rhône qui coupa le village en deux. Après les aubergistes ruinés par la fin du halage, ce fut une catastrophe pour les paysans, le canal ayant recouvert de riches terres agricoles !

Paradoxalement, cette saignée qui rejeta une partie du territoire vers l'Ardèche, rapprocha la navigation du cœur de ville, en témoigne la halte fluviale au niveau de la place des platanes.

Ce nouveau port, si on exagère un peu, jusque là peu développé, vit arriver dans les années 2010, le Magellan. Il s'agit-là de la péniche-école du Lycée des Catalins de Montélimar qui forme des cohortes d'élèves au métier de marinier, perpétuant ainsi la tradition fluviale du village.