Nous savons que le Prieuré de Mantol dépend de Cluny au 11e siècle et qu'il abrite 6 moines. Ceux-ci défrichent et assainissent les environs alors marécageux et entreprennent plus tard la culture du ver à soie. L' ouvrage de Dom Charvin qui contient les témoignages des inspecteurs mandatés par l'Abbé de Cluny, nous a permis de mieux comprendre la vie monacale de notre prieuré, cela de 1259 à 1768 (date de son abandon). Il permet de décrire une séquence de quatre phases :
- Une phase moyenâgeuse où le prieuré bénéficie d'une heureuse autonomie, surtout sur le plan économique ;
- Celle, également moyenâgeuse, mais très perturbée pendant la Guerre de Cent ans, par la curieuse intrusion de la tutelle d'un cardinal anglo-normand domicilié à l'abbaye de Saint-Alban (près de Londres) ;
- Celle d'après l'introduction de la commende où le prieur claustral est déchargé de la gestion du temporel de son prieuré au profit du prieur commendataire, mesure généralisée qui a engendré dans l'Ordre une grande déconvenue et une réelle entrave touchant souvent le spirituel. Une réussite néanmoins de ce dispositif : la belle restauration du site clunisien mis à mal pendant les guerres de Religion ;
-Enfin, au 18e siècle, une phase d'accompagnement de l'Ordre dans son déclin. En 1728, le prieuré est en effet désigné par l'Abbaye pour prendre en charge une conventualité, donc accueillir dix moines issus de six prieurés relativement proches. Puis cette conventualité rejoint celle du prieuré de Tain-l'Hermitage. L'église sera désormais entièrement paroissiale. Le reste du site devient propriété du Marquis Murat de Lestang et, à la Révolution, sera vendu comme biens nationaux. On notera plusieurs acquéreurs successifs plus attirés par la valeur agricole des terres et des bâtiments.
La dernière famille propriétaire le lèguera à l'évêché en 1967.
Un bel ensemble prieural amputé de son cloître
Le cloître complètement disparu a probablement connu le sort de l'abbatiale-III de Cluny. Hormis l'église (11e-12e), ce qui demeure du site clunisien correspond probablement davantage à la maison forte du prieur commendataire érigée fin 15e-début 16e de façon fonctionnelle et confortable. L'édifice est flanqué au nord et au sud de deux tours. De la Renaissance restent les fenêtres à meneaux taillées dans la molasse et la porte surmontée d'un arc en accolade. Les cicatrices de la façade Est témoignent des nombreux remaniements. A l'intérieur, un magnifique escalier à vis mène à l'étage et à la chambre du prieur. Dans cette pièce, les traces de peinture sur les poutres de l'ancien plafond à caisson ainsi qu'en haut des murs sont les témoins d'un riche décor aujourd'hui disparu. Dans les autres salles, on peut encore admirer des plafonds à la Française, peints de grotesques, de fleurs de lys ou de médaillons sans compter les décors muraux en trompe-l'oeil du 17e s.
Quant à l'église, son chevet et son clocher de style roman sont classés monuments historiques ; le seul remaniement important qu'ils ont connu concerne le vitrail gothique représentant Saint-Pierre et Saint-Paul greffé dans l'abside au 16e siècle. À la croisée du transept, le clocher roman, sur un plan carré, est percé de fenêtres géminées et décoré de bandes lombardes. Une frise de modillons cerne le toit du chevet qui mérite un petit détour par le cimetière. Enfin, encastrées en réemploi sur la façade et, de part et d'autre du portail, trois têtes sculptées en pierre sont probablement d'origine celto-ligure.
L'église est ouverte au public toute l'année de 8h à 19h (Paroisse). Pour la visite du prieuré prendre contact avec l'association des Amis du Prieuré.
Aujourd'hui, l'association des Amis du Prieuré - créée en 1983 - s'occupe de sa sauvegarde et de son animation culturelle.