Matériau de toujours, le bois revient progressivement dans le domaine de la construction grâce aux progrès techniques réalisés et dans l'optique de constructions en lien avec le développement durable. Ce matériau si commun mais pourtant oublié au fils des siècles fait donc son grand retour et de nombreuses constructions fleurissent en France depuis une vingtaine d'années notamment en ce qui concerne les ouvrages de franchissement tels que le pont des Fayettes (Isère) construit en 2000, le Pont d'Avoudrey (Doubs) en 2005, la passerelle d'Ajoux (Ardèche) en 2000 pour ne citer qu'eux.
D'autres infrastructures profitent également de cette émergence du bois, ainsi gymnases, logements sociaux, mairies etc. sortent de terre et donnent une nouvelle couleur au paysages français et européens.
Il en va de même à Crest où depuis 2001, les nouvelles constructions sont pensées pour l'avenir ...
Carte d'identité
Nom : Pont de Bois
Localité : Quai Pied Gai – Quai Mazorel
Type de pont : pont à béquilles
Maîtrise d'ouvrage : Ville de Crest
Maîtrise d'½uvre : Scétauroute Mandataire
Architecte : Atelier de l'Entre
Construction achevée en : 2001
Temps de construction : 10 mois
Longueur totale du tablier : 92m
Largeur : 8m. (deux voies de circulation de 2,75m et deux trottoirs de 1,25m)
Composants : chêne pour les platelages et les bordures, tablier garde-corps et solives en pin douglas. Béton armé pour les appuis et les fondations.
Budget : 1,5 millions d'euros
Distinctions : Prix Territoria 2001 de l'Observatoire national de l'innovation publique
Label « Merci dit la Planète » décerné par le Ministère de l'aménagement du Territoire et de l'Environnement
Historique du Pont en bois de Crest :
En 1978, afin d'assurer la continuité d'un itinéraire bis (RD 538), l'État met en place à Crest un pont provisoire du type « Bailey ».
En 1992 lorsque le contournement ouest de Crest est construit, grâce aux financements du Département de la Drôme et l'aide de la région, l'État souhaite récupérer ce pont provisoire. Or ce dernier occupe une place importante dans l'organisation urbaine de la Ville car il relie les quartiers urbains de Crest-Sud à la zone industrielle de Crest, la cité scolaire du Lycée Armorin et à divers équipements publics tels que la Gare SNCF, la Salle des Fêtes... Il supporte également un trafic routier important estimé à plus de 2 500 véhicules par jour et de ce fait participe à diluer la circulation sur le Quai de la Rivière et le Pont Frédéric Mistral.
En 1995 la Commune prévoit de construire un pont en remplacement de l'ouvrage provisoire. Ce projet est évoqué par le maire lors d'une rencontre avec le Comité National pour la Défense du Bois (CNDB)
En juillet 1996, sur proposition du CNDB une réunion a lieu en Conseil municipal avec le soutien du Centre Technique du Bois et de l'Ameublement (CTBA). Des ouvrages à structure bois, en particulier des ponts sont présentés, ainsi que les résultats d'une étude réalisée à l'initiative du CNDB pour valider les franchissements de l'A89. Afin de conforter ces propositions, le CNDB confie au CTBA une étude de faisabilité technique et économique en novembre de cette même année.
En 1998, après un an de maturation du projet, la Ville souhaite aller plus en amont dans sa réflexion. Suite à la demande du maire, le CNDB mandate une équipe d'ingénierie composée d'un architecte et d'un Bureau d'Étude (BE) bois afin de proposer une esquisse de pont, tout en prenant en compte la volonté d'affirmer l'identité bois de cet ouvrage et l'utilisation d'essences régionales.
En avril 1999, la Ville lance un appel à candidature pour sélectionner les intervenants de ce projet. Au terme de cette consultation, l'équipe suivante est retenue :
- L'Atelier de l'Entre pour l'architecture
- Arborescence pour le Bureau d'Études Technique structure bois
- SCETAUROUTE pour le BET Génie Civil
Trois possibilités de pont, étayées par une maquette, ont été présentées à la Mairie :
- un pont couvert
- un pont non couvert reposant sur une pile centrale à mi portée et des béquilles sur le talus des berges
- un pont non couvert reposant sur deux piles dans la rivière, permettant ainsi de réduire le coût du tablier
C'est sur cette dernière option que se porte le choix de la Mairie.
En mai 2001, l'ouvrage est achevé et permet une circulation sur deux voies bordées de deux trottoirs.
Le vendredi 29 juin 2001, a lieu l'inauguration du Pont en bois sur le quai Pied Gai suivi d'un « Opéra Son et Lumière » donné par Jean-Stéphane Regottaz.
Conception :
La longueur du tablier, 92 mètres, a été répartie sur trois travées de 29, 33 et 29 mètres. Il est composé de quatre nervures en bois lamellé collé constitué de planches de Douglas purgé d'aubier de haute résistance et représentant avec les contre-fiches spatiales : 65 mètres cubes de bois de haute performance.
Les superstructures telles que les consoles supportant les trottoirs, les mains courantes et les platelages sont réalisés en bois massif. Ce dernier a du être traité par autoclave, ce qui signifie qu'il a subi un traitement en profondeur, avec un produit de préservation, afin d'être protégé des agressions biologiques, telles que les insectes ou les champignons, sur le long terme. Il existe 5 classes d'autoclaves, le bois du pont de Crest est traité en autoclave classe 4, ce qui correspond au traitement d'un bois en contact avec le sol ou avec de l'eau douce ou un bois soumis à des humidifications fréquentes voire permanentes.
Le pré-assemblage de la structure a été réalisé sur une aire de préfabrication et de stockage située sur la rive gauche de la Drôme. Le levage des différentes pièces s'est fait grâce à des grues automotrices à partir du lit de la rivière.